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Le Grand départ

Valéry PLATON


Deux ans déjà !

Il n'y a pas de belles histoires sans un but aussi improbable et inatteignable, sans travail et sans un acharnement qui tourne parfois au combat, mais aussi sans une montagne de sacrifices.


Mais lorsque vous avez été audacieux et que vous avez su vous créer votre propre chance, il y a des matins qui ont un goût de victoire. Ce matin du 12 septembre 2022, nous nous sommes offert un épisode magique dans notre histoire.



Après la mise à l'eau le 4 juillet et la première navigation effectuée le 14 juillet, il a fallu apprendre beaucoup en peu de temps pour, dans un premier temps, bien avoir le bateau en main. Nous n'avons eu que très peu de soucis. La plus grande peur a été le mauvais fonctionnement de notre inverseur (sorte de boîte de vitesses pour choisir la marche avant, le point mort ou la marche arrière). Mais il s'est avéré que cela venait de la manette de l'inverseur et non de l'inverseur en lui-même.


Maintenant que tout a été testé dans différentes conditions de mer et de vent, ORIYO est validé et opérationnel pour sa première navigation hauturière. C'est donc un doublé qui aura lieu le 12 septembre avec le premier tour au large et le grand départ pour nous.


Le bateau est chargé avec nos affaires de voyageurs, de la nourriture, les pleins d'eau et de carburant. Nous découvrons donc ORIYO en version lourde de voyage ; 13 tonnes, c'est le poids de notre maison pour quelque temps.



Pas de plaisir sans émotion


Ma modeste expérience des voyages à la voile et des grands départs m'a enseigné une chose : savoir calibrer une dose d'émotion pour ne pas se laisser submerger et rendre certains de ces moments trop difficiles d'un point de vue émotionnel.


Partir, ce n'est pas facile, car vous pourrez dire ce que vous voulez, mais quand vous partez d'un lieu aimé, ou détesté d'ailleurs, vous regarderez derrière vous juste le temps d'une seconde, mais vous regarderez derrière vous ! C'est humain et c'est une solution pour faire le bilan de nos choix de vie. Et pourtant, sans émotions, ce grand départ ne serait pas à la hauteur du travail accompli.


En 2017, lorsque je suis parti avec Canquin, je l'ai fait seul, loin de la présence de mes proches. Probablement la peur de ne pas savoir gérer mes émotions… Et c'est sur le même format que nous sommes partis avec Stéphanie.



Nous sommes amarrés à Bandol depuis quelques jours pour la fin des préparatifs. Nous aimons cette petite ville touristique du sud de la France, où nous avons de nombreux souvenirs avec notre très cher Canquin.


Nous avons travaillé tard la veille pour finir de préparer et charger Oriyo. Nous sommes partis nous coucher au milieu de la nuit, vers 1 heure, pour un réveil à 4 heures du matin. La météo en Méditerranée est extrêmement complexe depuis déjà mi-août et il est compliqué de trouver une fenêtre météo pour quitter les côtes françaises en direction de l'Espagne. Nous aurions aimé les Baléares, mais c'était impossible, et il n'est pas sage d'attendre trop.


Une fenêtre est là pour nous emmener juste derrière la frontière espagnole, à Port de la Selva. C'est une petite ville au nord de Cadaquès, au sud de la frontière, collée aux Pyrénées. Nous allons donc traverser le golfe du Lion, qui a, en Méditerranée, sa petite réputation... Mais là, pas de danger, la météo est exceptionnelle !


Il est tôt quand nous larguons les amarres et le jour pointe à peine. Nous sortons du port tout doucement, au ralenti, comme pour retenir cet instant magique, pour qu'il dure. Nous savons que ces moments sont uniques et exceptionnels. Une fois à l'extérieur du port, nous traversons la petite baie de Bandol et commençons à apercevoir le Bec de l'Aigle de La Ciotat, notre chère ville d'adoption que nous aimons tant.





Le soleil pointe enfin son nez, sa lumière est extraordinaire, la mer, pour l'occasion, s'est parée d'une teinte rose pale . ORIYO glisse doucement sur l'eau, "mince, ce bateau était une épave". Qui le dirait aujourd'hui ? Tout est calme, tout est bien aligné, tout est parfait. Il est donc temps d'être humain et d'accueillir l'invitée principale de ce grand départ : l'émotion.


Pour certains, l'émotion est un immense vertige, un mélange de convictions et de doutes. Pour moi, l'émotion est la certitude que j'ai rempli ma mission et que ma vieille amie est là comme pour me dire : "tu as réussi, alors accorde-toi un moment avant de te jeter dans l'inconnu". Il est alors temps de fermer les yeux et de se retourner... juste un instant.



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PHOTOGRAPHE - NAVIGATEUR - PLONGEUR
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