
Lanzarote, avec pas moins de 300 volcans, est une île volcanique située au Nord-Est de l’archipel des Canaries. Un joyau pur alliant paysages désertiques et un littoral brassé par la longue houle de l’Atlantique Nord. Il y a beaucoup de raisons de venir visiter Lanzarote. Mais je vais plutôt vous parler des raisons qui m'ont fait rester ici plusieurs mois.

À première vue, une île à dominante désertique pourrait ne pas représenter un grand intérêt, mais ici la culture, l’histoire et la beauté des paysages sont, pour le visiteur continental, un dépaysement quotidien. Ajoutez à cela la taille réduite de l’île et le réseau routier primaire permettant de se déplacer rapidement, et vous obtenez une île parfaite pour ne pas se sentir trop à l’étroit et pour varier les destinations au rythme de vos envies.
D’un point de vue historique, Lanzarote a une histoire riche et fascinante qui remonte à des millénaires. Des premières communautés autochtones à l'arrivée des conquistadors espagnols, chaque époque a laissé son empreinte sur cette île volcanique.

Les Premières Occupations
Les premières traces humaines remontent à l'Antiquité. Les Berbères, appelés les Rancheros, étaient originaires d'Afrique du Nord, ils ont été les premiers habitants de l'île. Après avoir développé des communautés agricoles, ils ont utilisé des techniques sophistiquées pour cultiver la terre volcanique.
L'Ère des Conquêtes Espagnoles
Au début du XVème siècle, les navigateurs espagnols dirigés par Jean de Béthencourt et Gadifer de La Salle sont arrivés à Lanzarote. Après des conflits avec les autochtones, l'île est finalement devenue une possession espagnole. Cependant, contrairement à d'autres îles des Canaries, Lanzarote a maintenu un degré d'autonomie important sous le contrôle de la famille féodale des Herrera.
Les Siècles Suivants
Lanzarote a été souvent la cible d'attaques de pirates au cours des siècles suivants. Cependant, la population a réussi à développer des techniques de défense innovantes, notamment la construction de tours de guet côtières pour alerter les habitants des attaques imminentes. Au XVIIIe siècle, l'île a connu une période de prospérité économique grâce à la culture du cochenille, un insecte utilisé pour produire un colorant rouge précieux. Cependant, cette prospérité a été éphémère en raison de la découverte de colorants synthétiques.
L'influence de César Manrique
Le XXe siècle a vu l'arrivée de l'artiste et architecte César Manrique, dont l'influence a été cruciale pour façonner le développement de Lanzarote. Manrique a promu une approche écologique et artistique du tourisme, contribuant à la préservation de l'architecture traditionnelle et à l'intégration harmonieuse de nouvelles structures dans le paysage.

Une journée à Lanzarote
Nous quittons Marina Lanzarote où nous sommes amarrés avec ORIYO, notre voilier. Lorsque nous visitons une île des Canaries, nous commençons toujours par faire un tour relativement rapide sur une ou deux journées histoire de voir les différentes facettes de l’île. Une fois ce grand tour réalisé, nous pourrons nous focaliser sur tel ou tel endroit en fonction de nos envies.

Pour cette première excursion, nous sommes époustouflés par les décors qui s’offrent à nous. Chaque route nous fait serpenter au milieu des volcans et des coulées de lave. Nous avons choisi avec soin les conditions météo pour cette première journée sur Lanzarote. Ciel bleu, quelques cumulus de beau temps pour créer des effets de lumières et d’ombre sur les volcans, vent faible et surtout une température printanière. Il faut comprendre qu’ici l’air est pur et limpide hormis lorsque les vents de sable du Sahara soufflent et s’abattent sur Lanzarote. Mais en cette période de l’année, le risque de faire face à un coup de Calima est très faible.
Nous débutons notre Road Trip en remontant la côte est de l’île en direction du Nord. Rapidement sortis d’Arrecife sans souffrir d’aucun embouteillage, nous nous retrouvons à traverser une coulée de lave. Ce n’est pas tous les jours que l’on peut admirer ce type de spectacle, et pourtant, ici, aux Canaries, c’est un panorama quotidien. La dernière éruption volcanique sur Lanzarote a eu lieu en 1824. À l’échelle de temps d’une île, c’est comme si elle avait eu lieu hier.
Nous traversons des villages blancs hérissés de cactus, le relief devient plus haut et laisse entrevoir la mer au détour des virages.

Le Spectacle du Nord

Nous arrivons sur la pointe Nord de Lanzarote que nous avions pu admirer depuis le mouillage de la Graciosa. Je ne saurais dire ce qui est le plus beau entre les deux points de vue ! À nos pieds, l’île de la Graciosa dont nous sommes rapidement tombés amoureux. Nous sommes seuls ! C’est à peine croyable de se retrouver dans un tel décor sans avoir d’autre présence humaine. Nous sortons des sentiers goudronnés pour nous aventurer sur des pistes praticables avec une petite voiture pour explorer d’autres lieux, dénicher d’autres points de vue. À force de déambuler, nous nous égarons quelque peu, et c’est exactement là que les choses deviennent intéressantes. Se perdre, lâcher prise, naviguer à vue et se laisser guider par la beauté d’un paysage et non pas par un guide touristique. Nous arrivons sur un autre point de vue qui donne sur l’immense plage de Caleta de Famara. Encore un endroit à couper le souffle !
C’est déjà trop pour un premier jour ! Nous devions initialement passer que quelques semaines ici, nous ne savions pas encore que nous y resterions plusieurs mois !

Vu d'en haut, c'est beau, mais qu'en dire

vu d'en bas ? Nous prenons la route cette fois-ci avec une carte pour nous diriger vers le niveau de la mer. Je finis par renoncer à m'arrêter à chaque fois que le décor s'illumine. Chaque nuage crée une œuvre d'art visuelle contrastant par leurs ombres sur les volcans. Ces volcans ne sont pas uniquement coloriés d'un gris anthracite terne, il y a sur les pentes mille couleurs ; mille teintes d'une finesse inouïe. Le soleil est là pour réveiller ces couleurs et mettre en valeur ces colosses endormis.
Arrivés sur le littoral, nous remarquons tout de suite que les vagues que nous observions depuis le haut des falaises sont vraiment puissantes. La Caleta de Famara est un lieu incontournable pour les surfeurs, mais nous décidons de nous garder la visite de ce lieu pour plus tard.
À la sortie de la Caleta de Famara, nous sortons une nouvelle fois de la route principale pour découvrir un paysage qui a un air de Sahara. Le sol a été comme saupoudré de sable fin. Nous nous garons près d'un petit volcan à pentes de roches et de sable. Après une ascension rapide et facile, il nous semble que ce minuscule volcan n'a jamais été visité. Nous nous retrouvons sur le bord du cratère avec encore une fois une vue à couper le souffle.


L'étape suivante est le petit village de Tenesar accroché à la roche d'un côté et battu par la houle de l'autre. J'ai déjà consacré un article sur ce morceau de village sorti tout droit d'un décor de cinéma.

Un peu plus au sud, nous arrivons dans le vif du sujet : le parc naturel de Timanfaya. Il existe une "excursion" touristique qui vous emmène au cœur du parc et vous propose de monter sur un point de vue pour faire une photo. La vue depuis beaucoup de cars de tourisme nous refroidit quelque peu... 12 euros par personne ce n'est pas excessif, mais il y a tant à voir autour de ce circuit touristique.


Nous parcourons et slalomons sur plusieurs routes qui passent dans le parc jusqu'à la route de la Vallée de Feu ! Là encore, le spectacle est odieusement beau, les volcans ont été disposés comme pour habiller cette vallée. Il y en a pour tous les goûts ! Nous décidons de marcher un peu pour arriver le long d'un volcan qui a vraisemblablement explosé.
Encore une fois, nous avons le tournis tant cette île nous propose de richesses et de beauté naturelle. Et oui, effectivement, quelques semaines ne suffiront pas à humer l'histoire géologique de cette île.

Il y a bien évidemment, pour les amoureux d'art et de culture, les musées exposant l'art de César Manrique. Au-delà d'un artiste, cet homme a su intégrer la nature à son art et l'exploiter sans pour autant violer la nature. N'étant vraiment pas féru d'art, c'est plutôt vers la nature que je me suis tourné. Mais prenez le temps de visiter quelques lieux que César Manrique a créés.
Plus tard dans la journée, nous sommes arrivés dans le sud près des immenses HLM à touristes. C'est aussi l'une des facettes de Lanzarote qui permet chaque année à des milliers de touristes de venir se prélasser sous le soleil de l'hiver canarien. Mais pas d'inquiétude, pour ceux qui aiment les endroits déserts, les petits villages authentiques, il y a tout ce qu'il faut ici.
Nous nous installons sur les bancs d'un village désert pour la pause déjeuner. J'en viens à me demander si encore une fois nous ne sommes pas dans un décor de cinéma ! Nous reprenons la route en direction du centre de l'île pour observer cette curiosité bien canarienne, la culture de vigne au milieu de la terre volcanique. Je ne m'étendrai pas sur le sujet qui sera plus largement développé dans un futur article.
Nous finissons la journée devant un verre à Marina Rubicon. Nous sommes, non pas sous le charme, mais totalement époustouflés ! Cette île nous a, en l'espace d'une seule journée, totalement envoûtés !
Je vais vous dire un secret... Il paraît que ce n'est pas la plus belle des îles des Canaries !
Bonne soirée, Valéry.

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